ou la douce descente sur Terre
Charles, me voici bic à la main pour écrire ce que tu souhaites que je dévoile de ta naissance. Je profite d'une belle journée printanière pour me plonger dans les souvenirs de ta naissance, une journée aussi belle que celle qui a annoncé ton arrivée sur Terre !
Deux petites choses que j'ai envie de partager avec toi ... Tu verras que dans ton récit de naissance, petit Charles, je parlerai plus de ta maman que j'ai eu plus l'occasion de côtoyer que ton papa.
Et puis ce que je voulais te dire aussi c'est que tu as une maman merveilleuse. Toutes les mamans sont merveilleuses, évidemment. Ici ce que je veux te dire c'est que tu as une maman qui est tournée vers l'autre, vers l'Humain ! Depuis que j'ai fait la connaissance de ta maman (avant la naissance de ta grande sœur Adélaïde) ce trait de caractère m'a frappé. C'est incroyable cette faculté qu'elle a de toujours demander comment les personnes qui l'entoure se sente, si elles vont bien. Tu verras, ta maman a ce super pouvoir de l'empathie ! Et ce don d'être tournée vers l'autre a continué à être présent durant toute ta venue au monde. Même en pleine tempête tout du moins au début (il a bien fallu qu'elle lâche un moment pour s'ouvrir grand pour ton passage), ta maman continuait à veiller à mon confort, celui de ton papa ou de la sage-femme ... C'était hyper touchant alors qu'elle vivait un moment intense avec toi !
Charles, ta descente sur Terre a débuté quelques semaines avant ta naissance. Et cela nous a mis un petit coup de pression à ta maman et à moi quand il y a 3 semaines, des contractions plus ou moins intenses ont commencé à surgir en pleine nuit. Je dois t'avouer que mon sac que j'emporte pour les naissances n'était absolument pas terminé. Tu aurais du me voir ce soir-là courir dans toute ma maison pour terminer de rassembler les dernières petites choses pour être sure de ne rien oublier. Et puis cela a cessé. Ce moment a permis à ta maman de prendre conscience que le temps de la rencontre allait arriver. Ta maman m'a dit quand je l'ai vu le lendemain pour un massage qu'elle ne se sentait pas encore tout a fait prête, qu'elle avait peur de ne pas t'aimer autant que ta grande sœur, ... Je l'ai écoutée, je l'ai massée, cela a lâché, elle a pleuré et elle est repartie plus sereine et confiante en ta capacité à venir sur Terre quand ce serait le bon moment pour toi.
Ce petit coup de stress m'a mis de mon côté dans le mood de la garde avec cette attente teintée d'incertitude que je vis lors de chaque garde.
Tu nous as encore joué des tours quelques fois, ta maman me tenait au courant quotidiennement de comment elle se se sentait, ce qui s'était passé, c'était super agréable car cela me permettait d'appréhender sereinement mes journées de consultations. Et à partir de ce moment-là, ta maman a vraiment eu envie de te tenir vite dans ses bras pour te câliner. Ta maman n'avait pas du tout envie que ta naissance soit déclenchée, elle voulait que tu puisses avoir un atterrissage en douceur et que tu choisisses ton moment.
Durant les derniers jours que tu as passé en mère, les épisodes de contractions ont été de plus en plus importants. Je pense que, comme elle, tu voulais vivre une naissance en douceur. Tu as donc tracé ta route et ta descente doucement et lentement (dans un premier temps car quand tu avais décidé que c'était le moment tu n'as plus tardé).
Et puis le terme théorique de ta naissance est arrivé ... Ta maman te voulait tellement à ses côtés. Je la sentais de plus en plus stressée.
Charles, tu as arrivé avec la première vraie journée de printemps. Il faisait magnifique ! Ta maman a profité de cette belle journée pour se promener malgré les contractions qui étaient déjà présentes. Ce soir-là, je ne savais pas pourquoi (je le sais maintenant), je suis allée me coucher beaucoup plus tôt que d'habitude. Et à minuit, ta maman m'a appelée pour me demander de la rejoindre à l’hôpital, ta descente avait débuté.
Quand je suis arrivée 30 minutes plus tard ta maman et ton papa m'attendaient. Ils étaient calmes et sereins. Ta maman a eu une contraction et je l'ai vu la prendre avec douceur. Une fois passée, ta maman m'a dit qu'elle était ouverte à 5 cm. Wouaw, tout ce travail que vous aviez déjà accompli à 2 en amont et en douceur !
A mon arrivée ta maman m'a partagé ses peurs et ses angoisses ... Peur d'avoir mal, de ne pas réussir à pousser, de ne pas réussir tout simplement ... A nouveau je me suis posée avec elle, et je l'ai écoutée. Je lui ai murmuré qu'elle faisait cela merveilleusement. Et je dois te dire que ce qui m'a frappé pendant tout ce temps où j'étais présente c'est la douceur avec laquelle ta maman voguait dans la tempête. J'ai trouvé cela hyper reposant, calme, serein. Ton papa la regardait bouger avec plein de confiance dans les yeux.
Et puis la sage-femme est revenue vers 1h pour examiner ta maman. Le col était devenu plus mince et était encore à 5 cm. Cela avançait doucement ... Quand la sage-femme lui a annoncé le chiffre, j'ai senti ta maman se décourager. Elle m'a dit : Non, je n'y arriverai pas.
Et puis juste après, j'ai accompagné ta maman à la toilette, elle sentait que cela poussait. Et là j'ai compris ... Tu continuais ta descente lentement, doucement pour lui laisser la chance de vivre la naissance qu'elle avait rêvé pour vous 2. Et les contractions continuaient, régulières sans qu'aucun son ne sorte ...
Pendant ce temps, ton papa a préparé le bain et ta maman si est installé pour n'en sortir qu'une fois que tu as été hors de son ventre. Et l'eau sur ta maman a fait des miracles, ce milieu doux et porteur lui a permis de lâcher-prise, de se laisser porter par les vagues qui se rapprochaient. Ton papa près de son cœur qui lui tenait la main, moi qui lui soufflait des mots d'encouragement. Et toujours ces contractions qu'elle prenait avec douceur. Je n'ai pas d'autres mots, c'est le mot que je retiendrai de cette merveilleuse naissance.
En 1h, ensemble ton papa près du cœur, ta maman et toi vous avez navigué vers la ligne d'arrivée. Tu as débuté ton chemin dans ton canal de naissance avant l'arrivée de la gynéco. Quand elle est arrivée, la gynéco a laissé ta maman comme elle était même si elle avait mal dans la position que ta maman avait choisi (il faut savoir qu'elle était tombée quelques jours avant et avait un bel hématome qui lui faisait super mal quand elle faisait certains mouvements). Et Charles a pointé le bout de ses cheveux, ta maman nous a dit : Vous me dites qu'il est là ... mais il est vraiment là ? Je lui ai soufflé à l'oreille d'aller sentir tes cheveux. Tu aurais dû voir son sourire et la force avec laquelle ta maman t'a aidé à sortir après avoir caressé tes cheveux.
Ta tête sortie et le cordon dégagé de ton cou, il a fallu que ta maman change de position pour aider tes épaules à se dégager et cela avec le soutien de la gynéco. Tout cela dans une atmosphère de sérénité et de douceur ... Je reviens avec cette sensation qui a baigné ta naissance tout du long : DOUCEUR.
Tu es né coiffé ... On dit des bébés nés coiffés qu'ils sont chanceux ... Tu as pris le temps nécessaire pour que cela soit doux et quand tu as décidé que c'était ton heure, tu as mis l'accélérateur ... A 3h du matin tu es né.
Et cette douceur a continué à transpirer dans cette chambre de naissance encore de longues minutes ... Pendant que ta maman recevait quelques soins, tu as eu l'occasion de faire plus ample connaissance avec ton papa pour un beau peau à peau. Et quand tu as eu faim, ta maman t'a pris sur elle et tu as trouvé tout de suite le chemin vers le sein maternel.
Charles, prince de la douceur, belle vie à toi !